La science ouverte aide à l'élimination de la rage en 2030.

Une publication de Frontiers, research topic sur le contrôle et l'élimination de la rage humaine transmise par les chiens donne un aperçu des défis mais aussi des opportunités pour éradiquer cette maladie mortelle à l'horizon de 2030. Ces données pertinentes et précises aideront les chercheurs et les praticiens de la santé animale, de la santé publique et d'autres secteurs dans leurs efforts pour éliminer la rage. 

La rage tue une personne toutes les 9 minutes. La rage est très liée à la pauvreté, avec la majorité des cas survenant en Afrique et en Asie. Plus de 99% des gens meurent de rage parce qu'ils ont été mordus par un chien enragé. Une fois que les symptômes apparaissent, la maladie est presque toujours mortelle. Bien que la rage soit une des premières maladies infectieuses décrites, elle est encore classée parmi les maladies tropicales négligées. La maladie frappe fortement les communautés négligées qui n'ont pas accès aux mesures efficaces de contrôle de la rage.

Mais les choses vont changer. Lors de la Journée Mondiale contre la Rage, cette année, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l'Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), l'Organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture des Nations Unies (FAO) et l'Alliance Globale contre la Rage (GARC) ont présenté la nouvelle collaboration "Unis contre la Rage": Fin de la rage en 2030 , la stratégique pour éliminer les morts humaines dues à la rage transmise par les chiens à l'horizon de 2030. Cette stratégie implique aussi les pays indemnes de rage. Par exemple, aux USA et dans différents pays européens, il existe des alliances contre des maladies tropicales négligées comme au Royaume Uni, en Allemagne et plus récemment en Suisse et en France.

L'ouvrage de Frontiers, research topic — Towards Elimination of Dog Mediated Human Rabies (Vers l'élimination de la rage humaine transmise par les chiens) — arrive à point nommé pour aider les pays à arriver plus rapidement à un futur sans rage. Il regroupe des articles des sciences vétérinaires sur l'épidémiologie, l'éducation, les aspects politiques et économiques de la surveillance et du contrôle de la rage chez le chien et chez l'homme. Ces articles comprennent des retours d'expérience de programmes de contrôle de la rage à petite et à grande échelle,  des recherches pour améliorer l'organisation et l'efficacité économique de ces programmes ainsi qu'une analyse des ressources nécessaires à élargir les efforts de contrôle de la rage.

L'ouvrage aborde les activités concrètes qui aideront à atteindre l'objectif d'éliminer la rage humaine dans le monde en 2030. Il commence par évaluer l'impact de la maladie. Ce n'est qu'en connaissant l'importance de la rage dans différents pays que des programmes de contrôle peuvent être élaborés et mis en place et que leur succès peut être évalué. Il est absolument vital de disposer de données de surveillance de qualité pour appuyer les efforts de contrôle. Il est ensuite nécessaire d'améliorer la conception et l'efficacité économique des programmes de contrôle de la rage. Combien faut-il vacciner de chiens pour contrôler la maladie dans cette région, ce district, ce pays? Faut-il cibler les chiots ou les adultes lors de la vaccination? Comment évaluer la couverture vaccinale des chiens "errants"? Quel est l'impact des mesures de gestion des populations canines, comme des programmes de stérilisation des chiens? Quel est le bénéfice de la communication sur la santé unique? Des réponses à ces questions se trouvent dans cet ouvrage.

Il sera aussi vital de planifier et de prévoir le budget pour atteindre  cet objectif global. Presque tous les pays où la rage est endémique sont des pays à faible revenu où il est très difficile de trouver des fonds pour des campagnes nationales de vaccination des chiens. Un des articles calcule les fonds, les vaccins et le personnel nécessaires pendant les 13 années à venir pour atteindre l'objectif de 2030 ainsi que le déficit. Le besoin de sources de financement nouvelles pour relever ce défit et une solution possible, les development impact bonds (contrats à impact sur le développement), sont présentés dans un autre article de l'ouvrage.

Globalement, la connaissance et les outils nécessaires à l'élimination de la rage sont déjà disponibles. Cependant il reste des défis et des barrières. Des programmes intensifs à long-terme sont nécessaires pour obtenir une élimination durable plutôt qu'une diminution temporaire du nombre de cas qui peut éventuellement aboutir à une résurgence de la maladie. Il est aussi essentiel de planifier les interventions et les programmes de contrôle en suivant une approche de la "Santé Unique" qui implique de la même manière les décideurs des secteurs vétérinaire et de la santé publique. Une maladie comme la rage ne peut être vaincue que par le travail.

Consultez l'ouvrage en ligne ou téléchargez-le : Towards Elimination of Dog Mediated Human Rabies

Cet article, de Salome Dürr, Anna Sophie Fahrion, Lea Knopf et Louise Taylor, éditrices de Research Topic, a été publié sur le blog du site web de Frontiers .

Traduit par Jacques Barrat, ANSES-Laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy, France