Le groupe de travail de l'OMS sur les vaccins et les immunoglobulines antirabiques forme de nouvelles recommandations.

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Des recommandations mises à jour et plus pratiques sont nécessaires pour améliorer l'impact sur la santé publique des produits biologiques contre la rage.

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A patient receives intradermal (ID) PEP in the Philippines. Photo: GARC

En juillet 2016, l'OMS a formé un groupe de travail pour réviser différents aspects de la prophylaxie antirabique et essayer d'améliorer les recommandations. Il a été demandé aux experts (i) d'identifier les  pratiques d'utilisation des vaccins et des immunoglobulines antirabiques (RIG) dans les pays, y compris les vaccinations ciblées des communautés rurales à haut risque; (ii) d'analyser le besoin en doses de rappel après une prophylaxie pré-exposition (PrEP) et la rentabilité de ces interventions; (iii) de valider la réduction possible des protocoles de prophylaxie post-exposition (PEP) et de nouveaux protocoles; (iv) de réviser la position actuelle de l'OMS sur l'utilisation des RIG et des anticorps monoclonaux dans le but d'améliorer l'accès aux soins et d'accroître l'impact sur la santé publique; (v) de revoir les recommandations actuelles sur l'utilisation intradermique des vaccins sur culture cellulaire (CCV); (vi) d'évaluer la charge économique de la rage et la rentabilité de la vaccination comme élément d'information sur les stratégies de vaccination antirabique (y compris la vaccination dans le contexte d'autres stratégies de contrôle); (vii) d'étudier de nouveaux vaccins en phase d'essai clinique ou en cours de préqualification par l'OMS et/ou d'obtention d'un AMM national entre mi et fin 2016.

Lors d'un meeting en octobre 2017, le groupe a présenté ses résultats au Groupe Stratégique Consultatif d'Experts à l'OMS. Parmi les conclusions du meeting, il est indiqué que :

  • les régimes de PEP par voie intradermique (ID) permettent des économies financières et en nombre de doses, même dans des cliniques traitant peu de patients,
  • trois régimes de PEP ont prouvé leur efficacité et sont recommandés en fonction des besoins. Le régime IPC: 2 sites d'injection ID (0.1 mL par site) aux jours 0, 3 et 7; le régime Essen: 1 site d'injection IM (1 dose par site) aux jours 0, 3, 7 et 14-28, pour tous les patients et le régime Zagreb: 2 sites IM au jour 0 et 1 site IM aux jours 7 et 21,
  • les patients immunodéficients doivent être examinés au cas par cas et reçoivent en général un PEP complet avec RIG,
  • les régimes de PrEP accélérés pour des individus en bonne santé et de tout âge sont soit un régime ID avec 2 injections de 0.1 mL aux jours 0 et 7, soit un régime IM avec une dose aux jours 0 et 7,
  • la PrEP peut être envisagée dans les populations où l'incidence des morsures est très élevée, plus de 5% par an, elle doit aussi prendre en compte le contexte local et l'épidémiologie,
  • il n'y a aucune contrindication à l'utilisation de la PrEP ou de la PEP, y compris pour les enfants, les femmes enceintes, les personnes immunodéficientes et celles traitées par la chloroquine ou l'hydroxychloroquine,
  • de nouvelles observations faites au Cambodge et en Tanzanie montrent qu'un lavage soigneux de la plaie suivi d'une administration rapide du vaccin permet la survie de 99% des victimes de morsures de catégorie III,
  • des essais montrent que l'infiltration de RIG dans et autour de la plaie neutralise le virus rabique en quelques heures et que des RIG administrées par voie IM à distance de la plaie ont peu d'intérêt. Ces recommandations permettront d'économiser les doses de RIG en calculant la dose maximale à injecter en fonction du poids du patient, mais en n'injectant que ce qui est nécessaire à l'infiltration de la plaie. Il reste à établir des règles d'utilisation aseptique des RIG,
  • les RIG d'origine équine (eRIG) sont cliniquement équivalentes aux RIG humaines (hRIG) et le test cutané préalable à leur emploi peut être abandonné.

Le groupe d'experts a recommandé que ces mises à jours soient faites pour permettre une utilisation plus efficace, prudente et équitable des produits biologiques antirabiques à destination humaine, en particulier en zone d'endémie.

Résumé de Louise Taylor de GARC à partir du site web de l'OMS. Les documents du meeting –y compris les présentations et les documents de référence peuvent être trouvés ici et un résumé du meeting ici. Le rapport complet du meeting a été publié dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire de l'OMS du 1er décembre 2017.

Traduit par Jacques Barrat, ANSES-Laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy, France