Publications scientifiques récentes – Avril 2018

Promotion / Stratégie

Estimation de l'impact de la rage en Éthiopie en suivant les victimes de morsures de chiens. Six cent cinquante cinq cas de morsure ont été suivis jusqu'à leurs communautés et les victimes ont été identifiées. Le nombre annuel d'exposition à des chiens enragés a été évalué à 135 par district urbain, 101 par district rural des hauts plateaux et 86 par district rural en plaine, ce qui correspond respectivement à 1, 4 et 3 morts pour 100000 habitants. Le coût moyen d'un traitement post-exposition complet est plus élevé en zone rurale, il était respectivement de 23, 31 et 40 US $. L'extrapolation de ces résultats au niveau national permet d'estimer à 3000 le nombre annuel de morts humaines, soit environ 194000 DALY par an et 97000 personnes contaminées dont le coût de traitement atteint en moyenne 2 million de US$.

La rage aux Amériques: 1998-2014. Cet article présente les données de 21 pays d'Amérique latine et des Caraïbes sur la vaccination des chiens, la PEP et la surveillance de la rage. La rage canine et la rage humaine ont significativement baissé, mais il existe des différences significatives dans l'incidence de la rage humaine et de la rage canine selon le revenu moyen des pays. Lors du pic, plus de 50 million de chiens étaient vaccinés tous les ans à l'occasion de campagnes nationales. En moyenne, plus de 2000000 doses de vaccin humain étaient utilisées tous les ans. Lors de la dernière enquête, seuls 37% des pays ont déclaré avoir suffisamment de ressources financières pour répondre aux objectifs du programme. Les données montrent un effort suffisant et soutenu des pays d'Amérique latine et des Caraïbes pour la vaccination des chiens, elles permettent aussi de comprendre l'effort minimum nécessaire à réduire la rage entretenue par les chiens

Diagnostic et surveillance.

Évaluation d'un test immunohistochimique direct et rapide de diagnostic de rage utilisant des anticorps monoclonaux. Le test dRIT a une application mondiale possible, en particulier dans les pays en développement. Cependant, il n'existe pas actuellement de conjugué commercial qui réponde aux besoins des laboratoires. Nous décrivons ici la production d'un anticorps monoclonal (MAb) contre la protéine N du virus rabique (RABV) et son utilisation sous forme d'un conjugué biotinylé dans le dRIT. Les résultats montrent une spécificité de 100% (95% CI 0.93-1.00) et une sensibilité de 96.49% (95% CI 0.88-1.00) par rapport à l'étalon que constitue l'immunofluorescence directe (FAT). Ce test fournit par conséquent une alternative simple et économique à la FAT.

Application et évaluation comparative de la FAT, du dRIT et de la RT-PCR pour la détection d'antigènes ou de l'acide nucléique du virus rabique dans des prélèvements de cerveau d'animaux suspects de rage en Inde. FAT, dRIT et RT-PCR ont été comparés sur 257 prélèvements de cerveau, y compris des prélèvements décomposés. Les résultats confirment une correspondance de 100% entre FAT et dRIT, confirment l'intérêt du dRIT comme technique simple et rapide de diagnostic de la rage animale et de la RT-PCR sur des prélèvements impropres à être soumis à la FAT ou au dRIT.

Surveillance de la rage aux USA en 2016. En 2016, 50 états et Porto Rico ont déclaré 4910 cas de rage animale au CDC, dont 4487 sur animaux sauvages (91.4%). Ces cas se répartissent entre les groupes suivants: 1646 chauves-souris (33.5%), 1403 ratons laveurs (28.6%), 1031 mouffettes (21%), 313 renards (6.4%), 257 chats (5.2%), 70 bovins (1.4%) et 58 chiens (1.2%). Par rapport à 2015, le nombre d'échantillons soumis au diagnostic baisse de 4.6%. Aucun cas de rage humaine n'a été déclaré en 2016. Le diagnostic de laboratoire des animaux suspects de rage est une action critique en santé humaine et continue à être une méthode rentable dans l'application des recommandations d'administration de PEP.

Possibilité de diagnostic de rage par erreur chez des patients ayant reçu récemment des immunoglobulines par voie intraveineuse. Ce rapport décrit le cas de 6 patients testés au CDC pour la rage et qui répondaient aux critères confirmant la rage humaine selon le Council of State and Territorial Epidemiologists; 4 autres patients avaient des anticorps neutralisants dans le sérum bien qu'ils n'aient pas été vaccinés contre la rage. Aucun de ces 10 patients n'a été l'objet d'un diagnostic de rage, on a considéré qu'ils avaient été passivement immunisés à l'occasion d'une administration intraveineuse récente d'immunoglobulines.

PEP

Gestion des morsures de chiens par des prestataires de service dans des centres de santé de la région de Greater Accra au Ghana en 2014-2015. 57.8% des 232 prestataires de service savaient que la rage est due au virus rabique, 39.2% l'attribuaient à une morsure de chien, 2.6% n'en connaissaient pas la cause et une personne l'attribuait à l'herpès virus. Seulement 15.5% connaissaient la durée d'incubation chez le chien et la durée nécessaire pour observer des signes de l'infection rabique. 42.2% ne savaient pas comment administrer des immunoglobulines antirabiques. Parmi des centres visités, 76% ne disposaient pas de vaccins antirabiques et 44% ne savaient pas où s'adresser pour en avoir. La plupart de ces prestataires (87.9%, 204/232) n'avaient jamais signalé une morsure de chien ou un cas suspect de rage.

Hésitation à se faire vacciner contre la rage et mort de femmes enceintes ou allaitantes au Vietnam en 2015-2016. En 2015-2016, parmi les 169 cas déclarés au Vietnam, 2 cas probables ont été signalés chez des mères allaitantes et 4 chez des femmes enceintes, toutes avaient été mordues par des chiens. Les 6 sont mortes. Trois des 4 femmes enceintes avaient subi une césarienne. Dans chacun des cas, la famille avait mentionné comme première raison du refus de la PEP une peur de faire courir un risque au fœtus ou à l'enfant allaité.

Éducation

Un enseignement sur la rage améliore les connaissances des enfants à l'école primaire à Zomba, Malawi. La connaissance et l'attitude vis à vis de la rage ont été évaluées au moyen d'un questionnaire avant un enseignement sur la rage, juste après et 9 semaines plus tard pour évaluer l'impact de cette leçon sur les connaissances et l'attitude des enfants de l'école mais aussi d'enfants qui assistaient à des programmes de vaccination de masse des chiens mais qui n'avaient pas eu cette leçon. La connaissance de la rage et la manière de ne pas prendre de risque avec des chiens étaient meilleures après la leçon et le restaient 9 semaines plus tard. La connaissance des enfants de l'école qui avaient suivi la leçon était meilleure que celle de ceux qui ne l'avaient pas suivie, ce qui montre l'importance de la leçon dans l'amélioration des connaissances.

Vaccination de masse des chiens.

Impact de SMS d'avertissement envoyés à la communauté sur la participation des propriétaires de chiens à une campagne de vaccination de masse des chiens contre la rage à Haïti en 2017. Pour sensibiliser les propriétaires de chiens, 600000 SMS ont été envoyés dans 2 communes d'Haïti pour rappeler aux propriétaires de chiens de participer aux campagnes de vaccination des chiens. Un suivi post-campagne a été fait dans les foyers pour évaluer la perception et l'impact des SMS auprès des propriétaires de chiens; 91.9% ont indiqué que ces SMS étaient utiles. Dans les zones où la vaccination était organisée en point central, la participation était de 71.3% pour ceux qui avaient reçu un SMS contre 36.3% sans SMS. Dans les zones où la vaccination se faisait en porte à porte pendant plusieurs jours, le fait de recevoir le SMS n'avait aucun impact significatif.

Évaluation qualitative des 5 années de la campagne "Red collar" visant à mettre fin à l'abattage inhumain des chiens comme méthode de contrôle de la rage. Pour mettre fin à l'abattage inhumain de chiens en réponse à la rage, la World Animal Protection a lancé la campagne de 5 ans (de 2011 à 2016) "Red collar" en collaboration avec des gouvernements pour promouvoir la vaccination de masse des chiens comme moyen de contrôle de la rage. Nous présentons les résultats de l'évaluation qualitative de "Red collar" au niveau régional et au niveau national au Bangladesh, en Chine, en Indonésie, aux Philippines et à Zanzibar en Tanzanie. Cette étude est basée sur des entretiens semi-dirigés et les contributions écrites des participants. La campagne a généré un élan de campagnes de vaccination de masse des chiens par les gouvernements concernés. Les enseignements de cette campagne sont aussi soulignés.

Épidémiologie dans la faune sauvage.

La diffusion et l'évolution du virus rabique: une nouvelle frontière. Une surveillance efficace combinée au diagnostic et à la modélisation de la maladie fournit maintenant un aperçu de l'épidémiologie et de l'évolution du virus rabique. Le statut immun de l'hôte, la nature de l'exposition et les différences entre les souches influent tous nettement sur l'infection et sur la dynamique de la transmission. Cette revue se focalise sur la rage de la faune sauvage, elle synthétise les connaissances actuelles dans les domaines qui évoluent rapidement de l'épidémiologie et de l'évolution virales. Elle défend les approches multidisciplinaires pour avancer dans notre compréhension de cette maladie.

Traduit par Jacques Barrat, ANSES-Laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy, France