Une double mission: sensibiliser à la rage et dépister la lèpre parmi les populations indigènes des Philippines

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Aux Philippines, une équipe médicale a récemment mené une double campagne de sensibilisation à la rage et à la lèpre, en distribuant des dépliants illustrés de photos sur la prévention de la rage tout en fournissant des kits d’hygiène et des médicaments aux patients avec des maladies de peau. Ce suivi a eu lieu sur Palawan, la plus longue île et la plus grande province des Philippines.

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Patients attendant d’être examinés pour la rage et la lèpre à la clinique. PHOTO: Bureau provincial de santé, Palawan

Cette double campagne de sensibilisation à la rage et à la lèpre est le résultat de la formation suivie à Manille par les organisateurs du programme à l’Institut de Recherche en Médecine Tropicale (RITM) et au Bureau de Prévention et de Contrôle des Maladies du Ministère de la Santé en collaboration avec GARC. La formation fournit aux organisateurs du programme la connaissance nécessaire à dépister et à identifier la lèpre et d’autres affections cutanées ainsi qu’à gérer les cas de morsure animale.

Palawan, qualifiée de dernière frontière écologique des Philippines, est classée parmi les sites du patrimoine mondial de l’UNESCO. De plus, elle est considérée comme l’île la plus belle et la plus amicale du monde. Cependant, ces distinctions peuvent masquer la réalité que cette province est dans une situation qui nécessite une action immédiate, en particulier en matière de santé.

À l’écart de l’île principale, la province de Palawan est considérée comme une zone isolée géographiquement et désavantagée (geographically isolated and disadvantaged area (GIDA)), la grande municipalité de Rizal en fait partie. La situation sanitaire de Rizal est caractérisée par des ressources limitées; par exemple, en 2015, il n’y avait que 29 personnels de santé avec une formation médicale ou paramédicale dans la municipalité. Une seule unité sanitaire rurale assure traitements, consultations et distribution de médicaments, vaccinations, campagnes sanitaires, traitements d’urgence, éducation sanitaire, planning familial et campagnes de prévention.

La municipalité a aussi un taux de mortalité élevé du à la forte proportion de personnes indigènes pas encore accoutumées aux pratiques sanitaires modernes. Le personnel de santé de Rizal ne comprend actuellement que 19 personnes pour 13639 foyers, soit une population de 54576 habitants. Rizal a aussi un des plus grands nombres de cas de lèpre et de morsures, c’est pourquoi le bureau provincial de santé en coordination avec le gouvernement local de Rizal a mené une campagne de sensibilisation sur la rage et la lèpre  dans la région.

Cette campagne a eu lieu du 3 au 6 avril 2018 à Barangay Panalingaan et à Sitio Ogis à Barangay Ransang. La lèpre avec d’autres maladies de peau a été recherchée chez plus de 85 personnes. En cas de suspicion, un frottis cutané était fait; s’il était positif, un traitement de la lèpre était mis en place. La sensibilisation à la rage était faite par l’équipe au moyen d’un dépliant imagé qui contenait aussi des informations supplémentaires sur la rage.

Le Bureau Provincial de Santé va maintenant ajouter une campagne d’information sur la rage et la recherche de la lèpre au dépistage intégré des maladies infectieuses effectué tous les ans à Rizal. L’objectif principal de ce dépistage est la tuberculose, mais il comprend aussi, maintenant, le sida, la lèpre et la rage.

La formation sur la rage, la gestion des morsures et la reconnaissance de la lèpre était un des programmes conduits par GARC dans le cadre de projets CARE (Communities Against Rabies Exposure) dont le but est d’inclure la prévention et le contrôle de la rage dans celle d’autres maladies tropicales négligées comme la lèpre. Le projet CARE a été mis en œuvre grâce au soutien de la Fondation UBS Optimus.

Soumis par Eileen Grace N. Macabihag, RN, manager du programme rage qui a travaillé avec d’autres membres de l’équipe lèpre dont Emma P. Zabala, RM et Norry Fe-An T. Payopelin, RMT et avec Pamela L. Garcia, RN, MPA, MAN, chef de l’unité des maladies infectieuses.

Traduit par Jacques Barrat, ANSES-Laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy, France